CNRD 2020 : penser à libérer le territoire dès 1940 . Des Résistants à Conflans.

(actualisé le ) par B. Bujaud

Le CNRD (Concours national de la Résistance et de la Déportation) offre cette année aux candidats de 3e un sujet très abordable : « 1940 : entrer en résistance. Comprendre, refuser, résister ».
Des Résistants à Conflans dès 1940
Des mouvements de résistance se sont organisés très tôt à Conflans-Sainte-Honorine. Mateo DE ESTURO, originaire d’Espagne et de nationalité française est démobilisé après la défaite. De retour chez lui, les Allemands souhaitent qu’il travaille avec eux (il est en effet entrepreneur d’installations électriques). Il refuse : il entre en résistance dès juin 1940. Il forme un petit groupe sur Conflans dont il est responsable. Parmi les premières actions de son réseau : diffuser des journaux clandestins, fournir de faux papiers d’identité, collecter des renseignements et les diffuser à Londres. Au début de 1943, son groupe de l’OCM (Organisation Civile et Militaire) atteindrait 150 hommes sur le maquis de Seine-et-Oise, secteur Mantes, Poissy.
André PIERROT, ingénieur en chef à l’usine de la ville, les Lignes Télégraphiques et Téléphoniques (LTT), entre également en résistance dès 1940. Il prend le pseudonyme de « Mady ». Il travaille pour le BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Actions, l’ancêtre de la DGSE) et pour l’Intelligence Service (services secrets britanniques). Il restera Résistant jusqu’à la Libération de Conflans.
Joseph MAIRE est chef de chantier aux LTT. Il est employé comme passeur du 28 juin 1940 au 20 novembre 1942. Il agit sous le pseudonyme suivant : « Le Marinier ». Arrêté le 30 avril 1941 par la police locale, il est relâché faute de preuves. Il ménera par la suite coups de main et sabotages.
Dès le mois d’octobre 1940, une affiche du préfet de Seine-et-Oise informe la population : « Des actes de sabotage continuent à s’exercer contre le matériel des armées d’occupation. »
(Source : Yannick AMOSSE et Jean PRESENT, La Résistance à Conflans-Sainte-Honorine, Ed. Le Temps des Cerises, 2013)
Préparer la Libération du territoire : un objectif dès 1940
Les élèves pourront également s’appuyer sur de nombreux témoignages à la portée plus nationale.
Léon GAUTIER s’engage dans les Forces Navales Françaises Libres. Il n’a que 17 ans au début de l’année 1940. Le 19 juin, Le Courbet, navire-école avec 1200 hommes à bord, où Léon GAUTIER sert comme cannonier, gagne le port de Portsmouth en Angleterre. Léon GAUTIER se retrouve cantonné dans un camp de rassemblement. Il a la possibilité de sortir du camp.
« Un jour, alors que je suis sorti avec quelques copains, un groupe de jeunes Anglais nous aborde et nous demande de venir discuter avec eux afin de les aider à améliorer leur français. Un peu intrigués, mais curieux, nous les suivons chez eux où ils nous offrent du thé et des petits gâteaux. Bientôt, l’un d’eux nous propose d’écouter la radio, sans doute la BBC, où nous entendons des Français expliquer qu’une armée française s’est constituée en Angleterre, pour mener le combat contre les Allemands, au côté des Alliés. J’apprends alors l’existence du général de Gaulle, dont je n’avais jamais entendu parler. Je suis médusé. Pour moi, ces informations changent considérablement la donne. De retour au camp, nous nous mettons à discuter et à envisager de rejoindre ce réseau de Français prêts à se battre avec le général de Gaulle, qui porte le beau nom de « France libre ». »
Le 14 juillet 1940, il rencontre le général de Gaulle, ainsi que le roi d’Angleterre, sa femme et deux princesses. Parmi les 800 hommes participant à la commémoration de la fête nationale, il croise des « gens de la Légion étrangère, des chasseurs alpins et beaucoup de marins ». Il fera des 25 hommes du commando Kieffer à n’avoir été ni tués ni blessés le 6 juin 1944 lors du débarquement, sur 177 Français (source : « Les dossiers Okapi ». J’ai vécu le débarquement en Normandie. Le 6 juin 1944. Bayard Jeunesse, 2004)
Lucie AUBRAC a 38 ans en 1940. Professeure d’histoire agrégée, elle est mariée depuis le mois de décembre avec Raymond SAMUEL, ingénieur des Ponts et Chaussées. Dans l’avant propos de son ouvrage Ils partiront dans l’ivresse , elle explique les débuts de son engagement dans la Résistance. « En septembre 1940, nous avons demandé nos visas pour préparer notre départ vers les Etats-Unis ; puis nous y avons renoncé. Pouvions-nous laisser derrière nous nos familles, nos amis et notre pays occupé ? A partir de cette décision, notre destin était tracé : la participation à la création et au développement d’un Mouvement de Résistance, la vie de tous les jours, professionnelle et clandestine, avec un enfant né en 1941. Nous avons eu l’incroyable chance de rester légaux jusqu’au printemps 1943. » Lucie AUBRAC fera évader 14 personnes (dont son mari arrêté avec Jean MOULIN par Klaus BARBIE) (source : Ils partiront dans l’ivresse, Edition du Seuil, 1984)